Tout d’abord, si vous souhaitez mieux comprendre ce qu’est le SOPK, je vous invite à vous référer à mon article précédent. Comme je l’expliquais dans l’article, la dysfonction à l’origine du SOPK est l’augmentation de l’imprégnation androgénique. Aussi il est intéressant de chercher à identifier les causes de cette hyperandrogénie.
La prise en charge en résultant permettra non seulement de restaurer le cycle menstruel, mais aussi d’améliorer la fertilité et de traiter l’éventuel acné ou pilosité. Et la bonne nouvelle, c’est que d’autres effets bénéfiques pourront en résulter : plus d’énergie, perte de poids, meilleur moral, etc. C’est un cercle vertueux de restaurer un cycle en santé!
Les causes de l’hyperandrogénie :
L’excès d’androgènes est responsable du blocage de la maturation folliculaire. Derrière tout SOPK, il y a donc une hyperandrogénie, ou à minima une augmentation de l’imprégnation androgénique. En voici les causes possibles :
1/ SOPK et hyperinsulinisme :
La majorité des femmes atteintes du SOPK présentent un surpoids (environ 70%, pourcentage variable selon les études). Toutefois, il me semble essentiel de rappeler que toutes les femmes atteintes du SOPK ne sont pas en hyperinsulinisme ni en surpoids. Et à contrario, les femmes en hyperinsulinisme ne sont pas toujours en surpoids.
Quoi qu’il en soit, en cas de surpoids, il y a de fortes chances qu’il soit à l’origine de l’hyperandrogénie. Aussi, les mesures d’hygiène de vie consistant à réduire sa consommation d’aliments à charge glycémique élevée sont globalement efficaces. Ces aliments sont ceux qui font monter rapidement la glycémie (taux de glucose dans le sang). Ainsi, ces changements alimentaires permettent de faire baisser l’insuline, ce qui fait perdre du poids et baisser la synthèse des hormones androgènes.
L’excès d’insuline, à lui seul, accélère la commande, la production et la fraction libre des androgènes. Or si l’insuline augmente les androgènes, ces derniers entraineront à leur tour une résistance à l’insuline1. S’ensuit un véritable cercle vicieux : l’hyperinsulinisme est à la fois une cause et une conséquence de l’hyperandrogénie. Pour savoir si vous êtes concernée par la résistance à l’insuline, vous pouvez demander à votre médecin de vous prescrire le test HOMA (Homeostacis Model Assessment).
Nous venons de voir en quoi l’hyperinsulinisme et la résistance à l’insuline qui y est corrélée peuvent alimenter l’hyperandrogénie. Mais il est tout à fait possible que d’autres facteurs soient responsables de l’hyperandrogénie.
2/ SOPK et hypothyroïdie :
L’hypothyroïdie peut être à l’origine du SOPK, de façon directe et indirecte :
- Directe: l’hypothyroïdie abaisse la SHBG et fait augmenter la LH, ce qui fait augmenter la synthèse d’androgènes, ainsi que sa fraction libre.
- Indirecte: l’hypothyroïdie ralentit le métabolisme. Les centrales energétiques (les mitochondries) tournent au ralenti. Le glucose étant moins consommé, sa concentration augmente dans le sang. L’hypothyroïdie est donc une des causes de l’hyperinsulinisme, pouvant induire le SOPK.
C’est la raison pour laquelle un bilan thyroïdien complet devrait être proposé en cas de SOPK. Ce bilan sanguin doit inclure : T3, T4, TSH, anticorps anti-thyroglobuline, anticorps anti-TPO et T3 reverse. En effet, on peut tout à fait avoir une TSH normale, mais être en hypothyroïdie.
3/ SOPK et excès de prolactine :
Une autre cause possible du SOPK pourrait être un excès de prolactine, qui va contribuer à l’augmentation de l’imprégnation androgénique de deux manières :
- La prolactine augmente la production d’androgènes surrénaliens. On constate en effet une augmentation du niveau de DHEA
- La prolactine active la 5-alpha-reductase, qui augmente à son tour la production de DHT.
Ainsi, tout ce qui augmente la prolactine peut alimenter le SOPK : le stress, l’hypothyroïdie, l’hyperoestrogénie, le déficit en dopamine ou en progestérone.
4/ SOPK et hyperactivité de la 5-alpha-reductase :
Cette enzyme est responsable de convertir la testostérone en DHT, androgène environ 30 fois plus puissant que la testostérone. Quand elle est trop active, elle booste l’imprégnation androgénique. Qu’est ce qui peut conduire à l’hyperactivité de la 5-alpha-reductase ? Les déficits en zinc, en progestérone et un excès de prolactine.
5/ Hypersensibilité des récepteurs aux androgènes
Il est tout à fait possible que vos taux d’androgènes soient dans les normes, mais que leurs récepteurs soient particulièrement sensibles. C’est le cas par exemple sur un terrain inflammatoire et/ou en cas de manque de progestérone.
6/ SOPK et déficit en œstrogènes
Un autre cas de figure possible serait que vos androgènes soient dans la norme, mais que vos niveaux d’œstrogènes soient insuffisants. Tout est une question d’équilibre dans le corps. En effet, œstrogènes et androgènes ont des actions opposées et s’équilibrent mutuellement, tout comme oestrogènes et progestérone.
Au-delà de ces causes fonctionnelles possibles d’hyperandrogénie, d’autres causes plus spécifiques peuvent être responsables du SOPK. C’est le cas de :
- La génétique2: si votre mère a un SOPK, vous avez plus de risques de développer un SOPK également. Mais ce n’est pas une fatalité ! Le mode de vie influe influence grandement les risques de développer un SOPK.
- La vie intra-utérine : l’imprégnation hormonale dès les premières semaines de vie in utero influence la santé hormonale tout au long de notre vie.
- Les perturbateurs endocriniens : les taux de bisphénol A (BPA) sont plus élevés chez les femmes atteintes du syndrome3. Pur hasard ou lien de causalité ?
- Les perturbations du rythme circadien : des chercheurs ont démontré que la perturbation des rythmes biologiques peut provoquer ou aggraver le SOPK, en favorisant la résistance à l’insuline et l’augmentation des androgènes.
Pour conclure ce tour d’horizon des causes fonctionnelles du SOPK, je pense qu’il est primordial d’identifier quels mécanismes sont à l’œuvre chez vous, afin que la prise en charge soit la plus personnalisée et adaptée possible. On ne traite pas de la même façon un SOPK insulinorésistant d’un SOPK lié à une hyperprolactinémie. Vous l’avez compris, en santé fonctionnelle, notre démarche vise à identifier les fauteurs de troubles à l’origine de vos problèmes de santé et les prendre en charge de façon individualisée, afin de traiter les causes profondes de vos déséquilibres. Cela nécessite de prendre le temps d’échanger lors d’une consultation individuelle. Je rappelle que les informations contenues dans cet article ne visent en aucun cas remplacer les compétences de diagnostic et de traitements d’un médecin ou autre professionnel de santé. Ce sont simplement des notions qui me semblent essentielles à la compréhension de la physiologie féminine. Dans un prochain article, je vous propose de passer en revue quelques pistes de prise en charge fonctionnelle du SOPK.
1 Tosi, F.; Dal Molin F.; Zamboni, F.; Saggiorato E.; Salvagno G.; Fiers, T.; Kaufman, JM.; Bonora, E.; Moghetti, P. Serum Androgens Are Independent Predictors of Insulin Clearance but Not of Insulin Secretion in Women With PCOS. J Clin endocrinol Metab 2020, 105 (5), dgaa095. https://doi.org/10.1210/clinem/dgaa095
2 Khan, M. J.; Ullah, A.; Basit, S. Genetic basis of polycystic ovary syndrome / Current Perspectives. Appl Clin Genet 2019, 12, 249-260. https://doi.org/10.2147/TACG.S200341.
3 Koniecczna, A.; Rachon, D.; Owczarek,K. ; Kubica,P. ; Kowalewska, A.; Kudlak, B. ; Wasik, A. ; Namiesnik, J. ; Serum bisphenol A concentrations correlate with serum testosterone levels in women with polycystic ovary syndrome. Reprod toxicol 2018, 82, 32-37. https://doi.org/10.1016/j.reprotox.2018.09.006.