Prendre en charge le SOPK

Pour savoir quelles solutions sont les plus pertinentes dans votre cas, je vous suggère de lire mes deux autres articles au sujet du SOPK : Le syndrome des ovaires polykystiques et Causes fonctionnelles du SOPK. Cela vous aidera à y voir plus clair et surtout à identifier quelles causes profondes alimentent votre SOPK. Je rappelle que les informations contenues dans cet article ne visent en aucun cas remplacer les compétences de diagnostic et de traitements d’un médecin ou autre professionnel de santé. Ce sont simplement des notions qui me semblent essentielles à la compréhension de la physiologie féminine.

Bien que les propos qui suivent soient généraux et ne puissent être individualisés, ils pourront cependant vous donner quelques pistes de réflexion.

Que faire si vous pensez être résistante à l’insuline ?

Pour savoir si vous êtes concernée par la résistance à l’insuline, vous pouvez demander à votre médecin de vous prescrire le test HOMA (Homeostasis Model Assessment). Ce test sanguin corrèle deux indicateurs : l’insuline et la glycémie. Idéalement, une femme présentant un SOPK devrait avoir un score inférieur à 1,5 pour parvenir à moduler ses androgènes.

L’activité physique, même si on a du mal à perdre du poids, est sans doute l’un des meilleurs traitement du SOPK. Le sport diminue l’insuline1 et les niveaux d’androgènes. L’activité physique est reconnue pour être le meilleur régulateur de glycémie. Je vous encourage donc à pratiquer une activité physique régulière : marche, vélo, natation, danse, etc. Choisissez une activité que vous aimez. C’est le secret d’une pratique régulière. Nous seulement vous allez améliorer votre résistance à l’insuline, mais vous allez vous rendre compte que vous êtes plus détendue, que vous gérez mieux votre niveau de stress et que vous dormez mieux.

Par ailleurs, rééquilibrer son alimentation, en augmentant d’une part les fibres, les protéines et les bons gras, et en diminuant d’autre part les aliments à indice glycémique élevé est une très bonne stratégie. Quant au jeune intermittent (16/8), qui consiste à alterner des périodes de jeûne (pendant 16h) et des périodes d’alimentation normale (pendant 8h), je ne suis pas convaincue de ses effets bénéfiques sur les femmes présentant un SOPK. En effet, cela va perturber leur rythme circadien, entrainant des irrégularités de cycle chez certaines femmes qui y sont très sensibles. Or, comme je vous l’ai expliqué dans les précédents articles, le cycle d’une femme SOPK a déjà tendance à « patiner », donc à mon sens, le perturber davantage en sautant un repas pourrait être contreproductif. Je l’ai constaté à plusieurs reprises chez certaines de mes consultantes.

Enfin, certaines plantes et compléments alimentaires peuvent améliorer la sensibilité à l’insuline, une fois que les changements alimentaires et la pratique d’une activité physique auront été mis en place. Toutefois, les recommandations de plantes et de compléments doivent être individualisés, selon les problématiques individuelles.

Parfois, il peut s’avérer difficile de mettre en œuvre plusieurs changements importants dans son mode de vie. C’est justement le rôle du naturopathe de vous accompagner pas à pas vers un mode de vie plus sain.

Que faire si vous pensez être en hypothyroïdie ?

L’ hypothyroïdie est multifactorielle. Il peut y avoir un défaut de la commande centrale, un défaut de synthèse de la T4, un défaut de conversion de la T4 en T3, un statut en iode pas optimal, etc. C’est la raison pour laquelle il est très utile d’avoir un bilan thyroïdien complet, Cf. mon article traitant des causes fonctionnelles du SOPK, afin d’avoir un panorama complet du fonctionnement de la thyroïde et de pouvoir identifier d’éventuels dysfonctionnements. D’autre part, votre clinique (les symptômes et signes physiques que vous décrivez) nous donnera de précieuses indications sur le fonctionnement de votre thyroïde : est-elle en sur ou en sous-régime ? Comme je l’ai déjà dit, il est crucial de comprendre quelle est l’origine du problème, afin d’identifier une prise en charge adéquate.

Que faire pour moduler la sensibilité des récepteurs aux androgènes ?

Les principaux responsables d’une trop grande sensibilité aux androgènes sont l’inflammation et le déficit en progestérone. Dans les deux cas, il est intéressant d’adopter un mode de vie anti-inflammatoire.

Mais de quoi parle t’on précisément lorsqu’on parle d’inflammation ?

L’inflammation est un processus physiologique, mis en place par notre système immunitaire pour nous protéger d’agresseurs. Tout va bien lorsque le mécanisme se déclenche occasionnellement (lorsqu’on tombe et qu’on se fait mal par exemple). Mais lorsque l’inflammation devient chronique, notre système immunitaire s’emballe et va sur réagir à la moindre « petite » agression, comme par exemple une fraction d’aliment non digérée. C’est ce que l’on appelle l’inflammation de bas grade. Le taux de cytokines inflammatoires (messagers chimiques du système immunitaire) est légèrement trop élevé. Légèrement, mais tout le temps. Cela peut se traduire par des douleurs ostéo-articulaires, des maux de tête, de la fatigue, des troubles digestifs, un Syndrome Pré-Menstruel (SPM), des règles abondantes ou douloureuses.

Or l’inflammation peut influencer la synthèse de vos hormones, mais elle va surtout modifier votre imprégnation hormonale.

Que faire pour si vous pensez avoir un déficit en œstrogènes ?

Pour évaluer votre niveau d’œstrogènes, vous avez trois outils à votre disposition :

  • Les observations du cycle: un mucus cervical présent en quantité et de façon évolutive dans les jours qui précèdent l’ovulation indique une bonne imprégnation œstrogènique, gage d’une bonne qualité ovulatoire ;
  • L’investigation clinique: des règles très peu abondantes sont le signe d’un déficit en œstrogènes, les œstrogènes étant responsables de l’épaississement de la muqueuse utérine. D’autres signes sont assez évocateurs : la libido ou la silhouette par exemple ;
  • Les analyses biologiques: un dosage d’œstradiol réalisé à J3 du cycle peut nous indiquer si les œstrogènes sont présents en quantité suffisante en début de cycle, pour relancer une nouvelle course à l’ovulation. A savoir que les normes de référence des laboratoires d’analyses médicales sont des normes statistiques, ce ne sont pas des normes optimales de santé.

S’il le déficit d’œstrogènes est avéré, certaines plantes peuvent aider à booster leur synthèse (sauge, houblon, réglisse, luzerne). N’oublions pas que les œstrogènes sont des hormones stéroïdiennes, synthétisées à partir du cholestérol. Il faut donc que votre alimentation contienne suffisamment de bons gras pour apporter à votre organisme la matière première pour pouvoir fabriquer vos hormones sexuelles en bonnes quantités. Et oui, les bons gras sont nos amis pour la vie ! Enfin, apprendre à réguler son système nerveux pour mieux gérer son niveau de stress ne peut qu’aider à la synthèse de nos hormones stéroïdiennes, notamment œstrogènes et progestérone.

Pour clôturer cette série d’articles au sujet du SOPK, vous avez pu vous rendre compte que c’est un syndrome complexe et mutlifactoriel. Votre SOPK mérite d’être investigué avec l’aide d’un.e professionnel.e de santé, d’une personne formée en santé fonctionnelle et/ou d’un naturopathe, car de nombreuses solutions existent. Vous n’êtes pas condamnée à subir ce syndrome et son lot de désagréments métaboliques, physiques et psychiques. Vous pouvez reprendre le contrôle de votre cycle et de vos hormones.

Je tiens à remercier Guénaëlle Abéguilé, kinésithérapeute et formatrice en santé fonctionnelle, ainsi que Sophie Saab-Tsnobiladzé, médecin généraliste formée à la méthode Fertility Care et Marion Vallet, sage-femme et formatrice en méthodes d’observation du cycle. T outes les trois sont expertes en hormonologie féminine et militantes engagées de la mieux-traitance féminine. Si vous souhaitez découvrir leurs travaux, elles ont publié d’excellents ouvrages, qui m’ont permis d’avoir un nouveau regard sur les problématiques que je rencontre quotidiennement dans mon cabinet :

  • Abéguilé, G. Troubles hormonaux, reprenez le pouvoir. 2023. Résurgence.
  • Vallet, M. ; Dr Saab-Tsnobiladzé, S. Cycle féminin au naturel, gérer sa fertilité et prendre soin de sa santé gynécologique. 2022. Leduc.

1 Qui, S. ; Wu, C. ; Lin, F. ;Chen, L. ; Huang, Z. ; Jiang, Z. Exercice training improved insulin sensitivity and ovarian morphology in rats with polycystic ovarian syndrome. Horm Metab Res 2009, 41 (12), 880-885. https://doi.org/10.1055/s-0029-1234119

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Causes fonctionnelles du Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK)