Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)

Syndrome encore méconnu il y a quelques années, à l’instar de l’endométriose, le SOPK concernerait selon les dernières études un peu plus de 10% de la population féminine en âge de procréer. C’est un motif de consultation assez fréquent dans mon cabinet de naturopathie, aussi je vous propose ici un rapide aperçu de ce syndrome complexe et multifactoriel. Les informations contenues dans cet article ne visent en aucun cas remplacer les compétences de diagnostic et de traitements d’un médecin ou autre professionnel de santé. Ce sont simplement des notions qui me semblent essentielles à la compréhension de la physiologie féminine.

Le SOPK, c’est quoi au juste ?

Il s’agit d’une dysfonction hormonale qui impacte le cycle féminin et se caractérise par un excès d’imprégnation androgénique. Les androgènes étant des hormones mâles comme la testostérone par exemple, que les femmes sécrètent naturellement, en moins grande quantité que les hommes.

Ce syndrome porte très mal son nom, car il ne s’agit en aucun cas d’ovaires présentant des kystes. Il s’agit en réalité d’un trop grand nombres de follicules partant à la course à l’ovulation (retenez qu’ils sont environ deux fois plus nombreux qu’en temps normal), mais qui restent bloqués à un stade immature. En effet, aucun follicule ne parviendra à prendre la dominance sur les autres, contrairement au processus physiologique, ou un seul follicule prend le dessus : le follicule de Graaf. Ainsi, la maturation folliculaire est stoppée ou altérée et l’ovulation n’a donc pas lieu, ou alors plus tardivement, suite à plusieurs tentatives ovulatoires. Pour résumer, le cycle menstruel « patine », ce qui occasionne des cycles plus longs et/ou irréguliers et/ou anovulatoires. Dans ce contexte, on comprend très bien en quoi la fertilité féminine peut être impactée. Dans ce cas, une méthode d’observation du cycle comme la symptothermie peut être d’une grande aide (Cf. article à ce sujet). Je souhaite tout de même rappeler que de nombreuses femmes atteintes du SOPK n’ont aucun problème à tomber enceinte.

Comment diagnostiquer le SOPK ?

Le diagnostic repose sur les critères de Rotterdam. Il nécessite la présence de deux éléments sur les trois critères suivants :

1/ Hyperandrogénie (clinique et/ou biologique) : il est possible que les valeurs des hormones androgènes soient dans les fourchettes du laboratoire, mais que pour autant il y ai un excès d’imprégnation androgénique (on peut être hypersensible aux androgènes)

2/ Oligo ou anovulation : absence de cycle ou cycles longs (plus de 35 jours)

3/ Image échographique d’ovaires mutlifolliculaires : plus de 20 follicules mesurant entre 2 et 9 mm repérés par ovaire

Le diagnostic du SOPK est donc posé lorsque deux des trois critères ci-dessus sont remplis. J’insiste sur un point qui me semble essentiel : en aucun cas, l’imagerie seule ne peut donner lieu au diagnostic du SOPK. En effet, il est possible d’avoir 25 follicules supérieurs à 2 mm par ovaire et pour autant ne pas avoir de SOPK.

SOPK et puberté

Par ailleurs, rechercher le SOPK au cours de la puberté ne me semble pas des plus pertinent. En effet, le cycle menstruel met du temps à se mettre en place (environ deux ans) et il est fréquent que les jeunes-filles présentent de l’acné et/ou des anovulations entrainant des cycles longs et irréguliers. Ces déséquilibres se règleront d’eux-mêmes lorsque l’ovulation sera plus qualitative, quelques années plus tard. Inutile donc de leur prescrire la pilule pour « réguler » leur cycle. La pilule ne règle rien du tout, elle met simplement le cycle en pause en bloquant l’ovulation. Leurs ovaires ont à peine eu le temps de fonctionner, qu’on les met artificiellement au repos. Je pense qu’il est important de laisser le temps au corps d’apprendre à fonctionner de façon autonome pour qu’il puisse un jour devenir résilient.

Les neurosciences1 nous apprennent d’ailleurs à ce sujet que les hormones du cycle jouent un rôle primordial dans la maturation du cerveau. Se pose alors la question : en privant la jeune-fille de ses hormones endogènes (sécrétées naturellement), quel sera l’impact de la pilule contraceptive ? La solution la plus prudente ne serait-elle pas tout simplement d’éviter ce médicament dont – je tiens à le rappeler – l’indication de l’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) concerne seulement la contraception, et en aucun cas le traitement de l’acné ou de la pilosité ? Comme tout médicament, il n’est pas dénué d’effets secondaires. Je vous invite d’ailleurs à lire l’excellent ouvrage de Sabrina Debusquat : « J’arrête la pilule », investigation d’une année sur la pilule contraceptive, ses effets sur le corps, l’environnement et son étonnante histoire (septembre 2017, Les Liens qui Libèrent, version poche réactualisée septembre 2018, J’ai Lu).

Traitements « classiques » du SOPK

La médecine conventionnelle se trouve assez démunie face à ce syndrome. Les traitements proposés sont essentiellement symptomatiques, c’est à dire qu’ils ne se proposent que de minimiser les signes cliniques du SOPK, tels que l’hirsutisme ou l’acné, avec des résultats plus ou moins probants. Ils ne règlent donc pas l’origine du problème. De plus, en faisant disparaître le cycle, les médicaments prescrits en cas de SOPK ne sont pas compatibles avec un projet de grossesse.

Je vous propose de passer en revue les principaux traitements proposés par le corps médical :

  • Les conseils d’hygiène de vie : « Vous devez perdre du poids Madame». Outre le fait que ce type d’injonction puisse être d’une extrême violence pour les femmes, le surpoids est à la fois une cause et une conséquence du SOPK. En effet, certaines femmes étant insulinorésistantes, la perte de poids sera plus difficile et elles ont surtout besoin de conseils pour savoir comment réguler leur glycémie grâce à leur mode de vie, plutôt que de recevoir seulement ce type d’injonction de façon assez brutale et sans aucune explication.
  • La pilule oestroprogestative : souvent proposée en première intention, elle peut effectivement diminuer temporairement les symptômes, mais il reviendront après l’arrêt du traitement et comme je le rappelais plus haut, elle n’est pas dénuée d’effets secondaires. Avez-vous déjà lu la liste des effets secondaires sur les notices des pilule ? C’est assez édifiant.
  • Les médicaments antiandrogènes : lorsque la pilule n’est pas efficace, un antiandrogène comme l’acétate de cyprotérone peut être proposé. Il s’agit d’un macroprogestatif à action antiandrogénique. Comme la pilule oestroprogestative, ce médicament bloque aussi l’ovulation et les risques d’effets secondaires sont assez nombreux : baisse de libido, migraine, fatigue, état dépressif, etc. Certaines études ont même révélé une augmentation des risques de méningiome chez les patients traités avec ce médicament Aussi, la solution la plus prudente ne serait-elle pas tout simplement d’éviter le recours à ce traitement et de proposer en première intention des solutions plus physiologiques ?

SOPK et projet de grossesse

En cas de projet grossesse, les patientes sont en règle générale dirigées assez rapidement vers le centre PMA (Centre de Procréation Médicalement Assisté) pour réaliser un bilan de fertilité. Le traitement proposé en première intention est la stimulation ovarienne. Elle sert à aider des ovaires qui patinent un peu, à lancer une ovulation. C’est en quelques sortes le niveau 1 de la PMA. Les niveaux suivants étant la FIV et l’insémination. Il existe différents protocoles de stimulation que le gynécologue va ajuster en fonction de votre situation personnelle. Je ne rentrerai pas ici dans le détail de ces protocoles, là n’est pas l’objet de cet article.

Je souhaite tout de même rappeler encore une fois que de nombreuses femmes atteintes du SOPK n’ont aucun problème à tomber enceinte, malgré des cycles longs et irréguliers. Dans ce cas, les méthodes d’observation du cycle sont très intéressantes pour que les femmes apprennent à reconnaitre les jours les plus fertiles de leur cycle (Cf. article à ce sujet).

Pour conclure, j’aimerais rappeler que les hormones du cycle n’interviennent pas que dans la fonction reproductive, car elles influencent l’ensemble de nos fonctions. Une bonne ovulation, c’est une bonne santé cardiovasculaire, neuropsychique, métabolique et osseuse. Une bonne ovulation, c’est aussi moins de risques de cancers hormono-dépendants et moins de risques d’Alzheimer sur le long terme. Alors, je pose ici la question : pourquoi attendre de vouloir un bébé pour bien ovuler ?

Dans un prochain article, je me propose de vous présenter les causes fonctionnelles du SOPK et des solutions pour le prendre en charge.

 

1 Herting, M. M. ; Sowell, E.R. Puberty and structural brain development in humans. Front neuroendocrinol 2017, 44, 122-137. https://doi.org/10.1016/j.yfrne.2016.12.003

2  Lee, K.S.; Zhang, J.J.Y.; Kirrolos, R.; Santarius, T. ; Nga, V.D.W.; Yeo, T.T. A systematic review and meta-analysis of the association between Cyproterone acetate and intracranial meningiomas. Sci Rep 2022, 12 (1), 1942. https://doi.org/10.1038/s41598-022-05773-z

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